Les cimetières écrivent la mort des gens, mais ils racontent aussi la vie d’une ville. Celui de Holy Rood, sur la colline Georgetown à Washington, a miraculeusement échappé à la destruction et aux constructions pour raconter aujourd’hui l’histoire la plus ancienne de la capitale fédérale.
Plus qu’une coïncidence, les nombreux obélisques érigés en mémoire des premiers notables font écho à l’obélisque géant qu’est au loin, à lentrée du Mall, au cœur de la capitale, le monument à George Washington, fondateur de la nation et père de la Constitution américaine.
Situé juste au-dessus de Glover Park, ce cimetière est aujourd’hui un espace ouvert et semi abandonné, dont on dit qu’il contient 7.000 sépultures - mais le nombre de stèles et de monuments encore intacts est beaucoup plus modeste. Les tremblements de terre et le ravinement des eaux ont renversé beaucoup de pierres et fait s’effondrer beaucoup des ces obélisques ou colonnes.
Quelques arbres géants, des érables du Japon aux feuilles rouges, des buissons en fleurs donnent un air pimpant à ce qui est quand même un champ de ruines au milieu d'une prairie, où courent quelques écureuils peu farouches.
Il faut aller jusqu’à l’extrémité du parc, vers l’ouest, et longer le muret qui redescend vers le nord, pour trouver, à moitié cachée par les ronces, la plaque la plus ancienne de ce petit cimetière (ci-dessus à gauche), celle du “soldat de la guerre révolutionnaire Joseph Nevitt”, né en 1752 dans le Maryland et mort le 25 âge 1834 à l’âge de 65 ans, et qui avait combattu les Anglais au moment de la guerre d’indépendance américaine.
On dit aussi qu’il y aurait ici un millier d’afro-américains, esclaves et affranchis, mais aucun monument ne le mentionne explicitement et il faut sans doute consulter les archives pour en retrouver la trace. En revanche, le cimetière étant au départ le cimetière catholique de la sainte Trinité, il y a une foule de noms irlandais.
Les tombes sont antérieures à 1920, sauf quelques rares exceptions, et beaucoup sont des tombes de famille avec plusieurs générations, ce qui explique que certains monuments aient été restaurés et soient encore fleuris. Une Histoire ancienne mais en même temps récente, comme toute l’histoire des Etats-unis, dont on comprend que les descendants tiennent à garder ce témoignage intact.
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