Les statuettes en céramique polychrome de l’époque de Mao continuent à se trouver en grand nombre chez les antiquaires et brocanteurs en Chine, donnant parfois l’occasion de trouvailles plus originales que l’habituelle statuette du Grand Timonier levant le bras ou tenant le petit livre rouge, en taille réelle ou en miniature.
Au marché aux puces de Dong Taï Lu à Shanghaï, plus petit mais aussi intéressant que celui de Panjiayuan à Beijin, il faut convaincre le vendeur de faire visiter son dépôt, parfois caché à l’étage des petites maisons qui bordent la rue et devant lesquelles sont alignées les boutiques et les étals. Aujourd’hui c’était jour de chance, nous avons découvert, en haut d’un escalier sombre et en très mauvais état, un trésor entassé dans une petite pièce sur trois parois de vitrines.
Mao debout, Mao assis, en manteau, en veste avec écharpe, en peignoir de bain au sortir du Yangzi, en uniforme vert, avec ou sans casquette ; Mao en train d’écrire derrière son bureau, debout avec une raquette de pingpong (l’instrument de la diplomatie du même nom), assis avec une tasse ou un verre, assis en train de fumer… Derrière le buste officiel indéfiniment répété, en blanc ou en couleurs, et qui n’a plus grande valeur marchande, c’est un Mao intime, tel que révélé par les photos d’actualité de l’époque qui inspiraient les mêmes posters et les mêmes statuettes.
A gauche une scène de groupe avec des jeunes gens, Mao ayant son épouse Jian Qing derrière lui. A droite, le groupe des dirigeants sur un canapé : à partir de la gauche Chuteh, Zhou Enlaï, Mao et Jian Qing toujours étroitement associée au groupe.
Certains personnages ne sont pas toujours identifiables, comme celui-ci au-dessus à gauche, mais on a parfois des surprises, comme ce rare Sun Yat Sen en manteau, juste derrière un Mao, et reconnaissable à sa moustache et à sa cravate.
De nombreux bustes rappellent Leï Feng, ouvrier modèle, militant communiste et jeune soldat, mort d’un accident de la route à 22 ans en 1962 et présenté à l’époque comme un Chinois modèle. A droite, c’est Mao prenant le thé et discutant avec sa quatrième épouse Jian Qing qui prend des notes, façon de suggérer que lorsqu’elle parle elle reflète la pensée du Grand Timonier.
A côté d’un jeune soldat de l’Armée de libération populaire (APL), Jian Qing se reconnaît à son expression peu souriante, c’est une constante de ses représentations, même à l’époque où elle était du côté du pouvoir.
Enfin le moins cher, car sans doute le moins demandé – ou est-ce une version spéciale pour collectionneurs américains ? – un Tchang Kai Chek en uniforme de l’armée de la République de Chine (ROC), reconnaissable à son crane rasé ; le vendeur insiste, presque content de s’en débarrasser, et consentira finalement un rabais proportionnel à la popularité du personnage…
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