Le centième anniversaire du constructeur aéronautique Dassault a donné lieu à un spectacle à la hauteur de l’événement, célébrant à la fois l’héritage de Marcel Bloch, parti d’une hélice en bois, l’hélice Eclair, pour créer la lignée des avions Dassault, et les succès des ailes françaises en général, concepteurs, industriels, pilotes civils et militaires, en présence de tous les responsables et passionnés de l’aviation, ministres et anciens ministres, chefs d’état-major, responsables de la DGA et pilotes d’essais, pilotes de voltige et dirigeants d’industrie.
Le Grand Palais, apprêté pour la circonstance, a renoué avec ses origines : il avait accueilli le salon de l’aviation entre 1909 et 1951. C’était pour l’occasion une revanche d’un petit groupe de communicants du GIFAS qui avaient rêvé, il y a une quinzaine d’année au moment où l’on commençait la rénovation du Grand Palais, d’y amener une partie du musée de l’aéronautique et de l’espace du Bourget pour ramener ainsi l’aviation au cœur de Paris.
La scénographie exceptionnelle de “la conquête de l’air” a été réalisée par Amaclio, la même société qui fait le son et lumière “La nuit aux aux Invalides”, et qui a encore une fois révélé son savoir-faire dans l’utilisation des éclairages et la maîtrise des lasers. Spectacle non photographiable pour préserver la surprise de ceux qui doivent encore le voir, comme aux Invalides, et c’est vrai qu’on est surpris, mais… chut ! Le spectacle continue jusqu’au 14 avril est est déjà complet à 80%.
Le clou est évidemment le Rafale, installé à l’intérieur de l’édifice, sous la voûte en verre, avec un Falcon et un Mirage III. Du monoplan Blériot XI, vedette du salon de 1909 après avoir réussi le premier la traversée de la Manche, au Rafale aujourd’hui plus bel avion multirôles et “combat proven” sur plusieurs théâtres d’opérations, c’est une belle boucle réalisée par l’aéronautique française. Hommage aussi à la lignée des Mystère et Falcon qui, bien avant les premiers succès du Rafale à l’exportation, réussira notamment grâce à Serge Dassault à pénétrer le marché américain et à s’imposer sur le marché international des avions d’affaires. Plus discrètement évoqué mais présent sur les films d’animation, le Neuron sans pilote qui illustre le changement de siècle pour l’histoire de l’aviation.
Le film qui raconte l’histoire pendant le spectacle son et lumière retrace l’épopée depuis les premiers pionniers, les pilotes militaires de la 1ère guerre mondiale puis les aventuriers de l’aviation commerciale avec l’Aéropostale, depuis Fonck, Guynemer, Nungesser, à Mermoz, Guillaumet, Saint-Exupéry, puis aux pilotes d’essais qui font passer après la deuxième guerre mondiale l’aéronautique française à l’ère du réacteur et du mur du son. C’est un hommage qui n’omet personne et célèbre justement les succès d’aujourd’hui en accolant ceux de Dassault à ceux d’Airbus, depuis l’A300 jusqu'à l’A380 et à l’A400M, à ceux d’Airbus Helicopters, aux lanceurs Ariane, sans oublier de mentionner dans la constellation le rôle de Thales, Safran-Snecma, du missilier MBDA et de tous ceux qui participent ensemble aux exploits des ailes françaises – légitimement symbolisés par le ballet de la Patrouille de France avec des images saisissantes. Ce qui permettait en conclusion au PDG de Dassault Eric Trappier de donner rendez-vous pour le prochain centenaire en 2116 avec des avions “toujours aussi beaux”.
Célébration œcuménique dans un Grand Palais qui avait des airs de cathédrale, mais hommage familial aussi autour de la mémoire de Marcel Dassault, dans un discours très personnel de Serge rappelant les succès mais aussi les épreuves traversée par son père, de l’annulation de milliers de commandes par le gouvernement d’avant-guerre à la mise en accusation par Vichy pour avoir produit trop peu d’avions, jusqu’à la déportation à Buchenwald par les Allemands qui lui demanderont en vain de collaborer avec Messerschmitt. Et c’est dans ce camp de Buchenwald que se noue une amitié durable avec Marcel Paul, qui le met sous la protection du parti communiste français et lui évite l’évacuation finale du camp et la marche de la mort. “Sans la protection du PCF, Marcel Dassault ne serait pas revenu de Buchenwald et il n’y aurait pas de Rafale aujourd’hui”, conclut son fils dans un inattaquable raccourci.
A l’extérieur, devant la colonnade antique du grand Palais éclairé en temple de l’aviation, deux maquettes pour marquer ce centenaire : un Falcon et un Rafale, qui veillent sur l’entrée jusqu’à la fin de cette célébration du centenaire.
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