L’endroit le plus branché de Cuba et sans doute des Caraïbes, c’est un nouveau local géant à La Havane qui s’appelle La Fabrica, mélange génial entre un night-club, un hall de concerts rocks, une école de danse, des galeries de peintures et de photos, un restaurant et plusieurs bars, pour une entrée à tarif unique d’un Peso convertible, un peu moins d’un Euro, sans les consommations.
L’idée est venue d’un homme d’affaires israélo-cubain, Enrique Rottenberg, qui a repéré une vaste usine désaffectée à l’extrémité du Vedado, entre mer et rivière à la sortie ouest de la capitale. Cette usine devait être détruite et Rottenberg a bataillé pour convaincre les autorités de lui confier cet espace et tenter d’en faire un espace artistique, culturel et ludique.
Ouvert depuis quelques mois, tous les vendredi, samedi et dimanche soir, l’espace ne désemplit pas ; une foule de jeunes de tout âge se presse devant l’entrée, sans bousculade ni violence : l’endroit n’est pas un club select avec des videurs à l’entrée, mais un espace ouvert au public le plus large et le service d’ordre s’occupe de la sécurité et de vérifier qu’il n’y circule pas de drogue…
On entre dans une vraie usine, avec des niveaux qui se suivent irrégulièrement, des espaces étroits et de grands halls, des escaliers en fer en béton. Dès l’entrée, on est accueilli par une exposition de photos surprenantes de l’ancienne noblesse noire de La Havane en costumes du XVIIIe siècle. Une noblesse noire qui n’a jamais existé, les personnages sont des Cubains de la rue choisis pour poser en costume d’époque, et le mécène y figure lui-même en jabot à dentelle comme “Sir Enrique Rottenberg”. Photos superbes, belle mise en ambiance de ce Cuba idéal et égalitaire projeté par les artistes.
On traverse ensuite un hall de danse où des danseurs professionnels viennent enseigner la danse moderne aux volontaires du public, puis une salle de projection, des bars couverts ou en plein air, une galerie photo sur deux étages, une salle couvertes de portraits faits au Polaroïd, des portraits de femmes, des femmes en pied et très dévêtues, le genre de photo qui ne passe plus sur Facebook. L’humanité est présente sous tes aspects, dans une créativité sans barrières.
Au cœur de la Fabrica, une salle de concert vaste mais basse de plafond est plongée dans une obscurité balayée par des spots aveuglants. C’est un concert rock, d’un rock classique mais très métissé, le public compressé a peu de place pour danser mais la foule vibre à l’unisson, difficile de s’y frayer un chemin.
On reprend son souffle dans un des bars en terrasse, en sous-sol, en mezzanine, et si le Mojito est l’unité de base, la consommation reste mesurée si l’on en juge d’après l’assistance très sage. Comme si ce public était conscient de la fragilité d’une telle expérience à Cuba, et voulait se donner toutes les chances de la prolonger. Un endroit en tous cas à ne pas manquer pour les visiteurs de passage, pour tous ceux qui ont raté le grand concert en plein air des Rolling Stones, il y a deux ans à La Havane…
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