Fabuleuse promenade à travers trois mille ans d’Histoire de la Mésopotamie que nous offre le British Museum (jusqu’au 21 février seulement) de l’antique Assyrie jusqu’à l’Irak actuel qui vient de traverser presque trente ans de guerres, avec l’exposition “je suis Ashurbanipal, roi du monde, roi d’Assyrie”. Un roi représenté sur les bas-reliefs de son palais de Ninive en train de chasser, à l’arc ou à la lance.
Trois mille ans, ce sont trois histoires évoquées parallèles : celle de l’empire assyrien, celle de la découverte de cette civilisation au 19e siècle, et celle des dernières destructions opérées par l’Etat islamique et qui font aujourd’hui l’objet d’un effort de sauvetage international exceptionnel.
La visite commence par un diorama de 180° présentant le site de Ninive, au confluent du Tigre et du Khosr, au sud du Kurdistan actuel.
Le roi est protégé par des esprits protecteurs contre les esprits maléfiques, représenté sur les bas-reliefs placés à des endroits précis des palais du roi. Au-dessus à gauche, trois des sept divinités Sebetti qui décoraient la salle du trône d’Ashurbanipal (700-695 avant JV). Ces bas-reliefs étaient peints de couleurs vives, et les spécialistes ont retrouvé sur la pierre les pigments de ces couleurs. Dans l’exposition, les bas-reliefs qui sont couleur pierre sont régulièrement illuminés en couleurs pour donner exactement l’idée de ce qu’ils étaient à l’époque.
Le British Museum possède une collection unique de quelque 30.000 tablettes cunéiformes, découvertes à Ninive par l’équipe de Sir Henry Layard. Copies de textes sumériens et babyloniens, mais aussi une impressionnante culture locale, grâce à la curiosité d’Ashurbanipal et au travail des célèbres scribes de Ninive. Et encore, ne nous sont parvenues que les tablettes en argile, toute une littérature était écrite sur des tablettes et bois et cire, qui ont disparu sauf quelques-unes trouvés au fond d’un puits à Nimrod.
Visage d’un sphinx colossal (Palais du sud-ouest, Ninive). Sur une tablette, le roi Sennacherib rappelle qu’il fait faire des sphinx en albâtre et en cuivre.
La muséographe profite des éclairages dans la semi-obscurité pour faire évoluer le visiteur à l’intérieur même de la scénographie, avec des voilages sur lesquels sont projetés les motifs décoratifs des bas-reliefs, voilages transparents qu’on peut admirer des deux côtés à la fois.
La cour était riche et les fêtes nombreuses. A gauche les porteurs de raisin, à droite quatre musiciens frappant sur des harpes horizontales, sorte de cithares.
L’extension de l’empire assyrien du Golfe persique à la Méditerranée et à l’Egypte a mis cet empire en contact avec des civilisation dont on voit les offrandes, bijoux et statues, de toute provenance: bijoux phéniciens, grecs et étrusques, statues en bronze de Perse (ci-dessous à gauche), casques et armures venues d’Arménie (à droite). Sur le bas-relief au-dessus à gauche, on voit une galère phénicienne,reconnaissable à son rostre de proue, sans doute utilisée pour remonter les eaux du Tigre. A droite, le roi Shalmanaser III reçoit le tribut des Phéniciens de Tyr et de Sidon, offrandes apportées en bateau puis déchargées à dos d’homme.
Les sphinx en pierre (au premier plan) sont placés à l’intérieur du palais et servent de base aux piliers de bois incrustés de métaux précieux. nn
Le grand-père d’Ashurbanipal, Sennacherib, fils de Sargon, a construit un immense réseau de canaux pour sa nouvelle capitale Ninive, amenant l’eau de très loin. Da,s ce bas-relief éclairé en couleurs pour rappeler l’original, on voit les canaux d’irrigation entourés de nombreux arbres et de jardins.
Les panneaux muraux étaient peints en couleurs, comme les briques et les plaques en émail. Dans l’exposition, les bas-reliefs présentant des scènes de bataille sont illuminés tableau par tableau pour expliquer le déroulement de l’action décrite en soulignant les détails. Une sonorisation de cris et de chocs d’armes rend le spectacle encore plus suggestifs, dans ces combats où le nombre de cadavres est impressionnant. Ici le roi d’Elam Te’umman, rival d’Ashurbanipal, est défait par l’armée de celui-ci, sur le fleuve Ulaï. lui et son gendre Urtaku sont décapités et leur tête rapportée au roi vainqueur sur un char élamite. “Dans la 4e campagne (…) je submergeai l’Elam dans son ensemble, je tranchai la tête de Te’umman, son roi arrogant qui avait comploté contre moi, je tuai un nombre incalculable de ses guerriers d’élite, ses combattants pris vivants, je jonchai de leurs cadavres, comme de ronces et d’épines, les campagnes de Suse, et je fis couler le sang vers le fleuve Ulaï, dont je teignis les eaux comme de pourpre”
La fin de l’exposition raconte la chute du royaume après la mort d’Ashurbanipal (631 avant JC), la rébellion à Babylone du général Nabopolassar qui s’allie aux Mèdes (Iran) pour attaquer et raser Ninive. Après des siècles d’oubli, les archéologues du 19e siècle retrouvent Nimrod et Ninive et les temples et palais d’Ashurbanipal : documents et gravures sur les travaux de Sir Henry Layard pour rapporter au British Museum les statues géantes. mais la Mésopotamie enchaîne les guerres à travers les générations, et après la guerre-Irak-Iran (1980-1988), la guerre du Golfe de 1990-91 et l’intervention américaine en 2003, les sites archéologiques connaissent un répit avec un programme de fouilles et de restaurations de Ninive à partir de 2011. Mais ces sites subissent en 2014 une destruction systématique de l’Etat islamique, comme les sites en Syrie. En 2015 l’armée irakienne libère Nimrod où 80% des vestiges archéologiques ont été détruits, puis en 2017 elle libère Mossoul où le site de Ninive a également subi de gravas destructions. le gouvernement Irakien, avec le soutien des autorités britanniques puis de l’UNESCO, lance un problème pour “faire revivre l’esprit de Mossoul”.
The British Museum: I am Ashurbanipal, king of the world,
king of Assyria. 8 November 2018 – 24 February 2019
#Ashurbanipal
Vidéo de la visite à voir : https://www.youtube.com/watch?v=4kjYPww_Cjs
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