Plus que tout autre, le Cubain exprime l’exubérance tropicale par l’image et la couleur, qui lui permet de repeindre une réalité pas toujours rose en recouvrant les façades décrépies de toutes sortes de couleurs, en ornant les murs fissurés de grands “murales”, en décorant les vieilles voitures de couleurs rutilantes, l’art est partout dans la rue et il est d’abord populaire.
Si La Havane est un grand chantier à cause du 500e anniversaire de sa création cette année, avec des palais en pleine restauration et des hôtels flambants neufs (voir posts précédents), beaucoup de maisons continuent à tomber en ruines et sont régulièrement replâtrées et maquillées : dans les rues de la vieille Havane et sur le Malecón, on découvre des façades tout juste rafraîchies, avec les teintes les plus criardes dont on dit qu’elles dépendent simplement des arrivages de peintures importées.
Et quand ce n’est pas la peinture, c’est le linge multicolore qui vient égayer les façades, de même que les plantes vertes suspendues en hauteur comme pour camoufler les murs. Il faut aussi remarquer le soin que mettent les jeunes à porter les vêtements les plus colorés pour mettre leur touche dans le tableau. Le drapeau américain est devenu une composante importante du décor, et cela bien avant la visite d'Obama en 2016.
Mais surtout, c’est la surprise, on découvre dans les coins les plus reculés, les petites rues périphériques, ;la zone industrielle derrière le port, les impasses, la créativité des peintres "muralistes", qui s’expriment comme partout ailleurs dans la plus grande liberté et pas forcément pour illustrer des slogans.
Si certaines de ces fresques s’inspirent de la peinture cubaine contemporaine, la plupart reflètent la culture graphique internationale qui va chercher chez les muralistes mexicains, les cartoons américains, les mangas japonais et les thèmes indianistes d’Amérique latine. Pour finalement former un mix intéressant où ce qui domine c’est incontestablement le choix de la couleur.
Pour le plaisir et pour comprendre cette imprégnation, comment ne pas évoquer cet autre élément omniprésent des rues de La Havane, les multicolores berlines américaines ? Beaucoup de Chrysler, Pontiac et Chevrolet portent leurs couleurs californiennes d’origine, le style Malibu, mais beaucoup également ont été repeintes de couleurs métallisées, là aussi au gré des arrivages de peinture…
Et pour le plaisir de l’œil, qui se régale dans la capitale cubaine, les vendeurs ambulants eux-mêmes participent au Street Art avec leurs éventaires de fruits et légumes tropicaux souvent disposés avec goût, preuve que l’esthétique est profondément ancrée dans la population, sans besoin d’emballages luxueux…
Et bien sûr, le Street Art spontané n'est qu'une facette de la création artistique qui ici s'exprime de façon plus officielle dans des grandes fresques murales, et dans les nombfeuses galeries d'art dont la plus étonnante est la "Fabrica de las Artes" (voir plus haut sur ce blog), au bout du Vedado, où s'exposent les peintres anti-conformistes, avant-gardistes et les photographes.
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