Internationalement connu, l’architecte et designer cubano-mexicain Jorge Pardo, né en 1963 à La Havane et qui réside aujourd’hui à Los Angeles, a réalisé dans la ville d’Arles une belle synthèse entre le soleil caraïbe et celui de Camargue, ayant été chargé d’aménager et décorer un palais du 15e siècle en un hôtel-restaurant, le palais d’Arlatan.
Ici comme dans d’autres lieux de la ville, c’est la collectionneuse d'art, mécène et réalisatrice de documentaires suisse Maja Hoffmann qui a commandité les travaux de restauration. C’est elle qui, en créant la Fondation Luma à Arles, a lancé la tour futuriste de l’architecte Frank Gehry pratiquement terminée en bordure de la vieille ville, à côté du nouveau site de École nationale supérieure de la photographie d’Arles (ENSP) conçu par l’architecte Marc Barani.
A l’entrée du palais de l’Arlatan, au détour d’une de ces ruelles du vieux centre balayées par le Mistral, on est accueilli par le sourire du serveur mexicain Gaston, qui se fait un plaisir de commenter la visite avec son accent ensoleillé.
L’inspiration de Pardo, explique-t-il, est un savant mélange de ses racines cubaines, de sa vie au Mexique et à travers l’Amérique latine, de l’influence de Vincent Van Gogh et de sa peinture camarguaise et provençale, et de ses photos personnelles. Plusieurs des photos exposées sur les murs de l’Arlatan sont extraites du film de Jean Pialat sur Van Gogh (1991), d’autres sont de Pardo.
L’artiste a dessiné les sols, le mobilier (sauf quelques pièces de la collection personnelle de Maja Hoffmann), les luminaires pour donner au cadre une harmonie particulière et très lumineuse. Tout en respectant la partie historique de ce palais ancien, y compris un mur du 5e siècle de la basilique des thermes de Constantin.
Au total 6.000 mètres carrés de carreaux de céramiques ont été posés, dont 4.000 m2 de surface de sol et le reste en décoration des ascenseurs et sanitaires. Rien de standard : Pardo a travaillé sur 11 formes différentes et 18 couleurs, pour former des motifs qui varient à chaque endroit.
Mention spéciale pour les luminaires, en lamelles de bois, qui donnent un éclairage à la fois lumineux et tamisé, avec une sensation de légèreté. Des formes modernes qui se marient avec les poutres et murs anciens
Deux grands panneaux en bois peint couvrent deux parois dos à dos, jouant sur la symétrie des paysages : marais salants du Yucatan d’un côté (ci-dessus à gauche), salins de Giraud en Camargue de l’autre (à droite).
Le mobilier est de Pardo, reconnaissable à son style qui recourt à du bois lamellé-collé, mais il y a également des meubles de la collection de Maja Hoffmann (à droite)
Ouvert tous les jours, le restaurant sert le dimanche un brunch copieux avec buffet assorti aux couleurs de la décoration : Pardo serait heureux de voir que là aussi, la touche tropicale a été respectée.
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