Un petit photographe qui passe inaperçu avec un très gros appareil photo discret, un Pentax 645Z, et surtout un œil de faucon qui sait voir et saisir au vol ce qu’on ne voit pas spontanément, c’est ce qui fait que Mario Fourmy est, plus qu’un photographe, un artiste et un amoureux de Paris – ce qui du reste va ensemble.
L’expo qu’il vient de signer pendant dix jours à la mairie du 13e arrondissement le montre en 60 photos, dommage c’est fini trop vite. Chaque photo raconte une histoire et Mario se fait un plaisir d’expliquer comment il a “attrapé” son image. Un peu de technique, la pratique du moyen format numérique 44x33 mm lui permet de recadrer en conservant le piqué, et le fait de travailler à haute sensibilité donc à vitesse élevée lui rend ce flou en arrière-plan qui donne la profondeur à l’image.
De la technique mais surtout de l’intuition, comme ce corbeau qui passe en premier plan, parfaitement net, alors que la scène des promeneurs du Luxembourg en arrière-plan est légèrement voilée – il a anticipé la trajectoire de l’oiseau, une sacrée maîtrise. De l’intuition, pour capturer ces coïncidences que sont le passage d’une jeune femme avec une casquette rétro devant une photo géante de Paris début du 2Oe siècle, elle-même tournée vers cette photo d’époque comme si elle en faisait partie. Ou ce couple sous un parapluie qui passe sous une affiche de Magritte avec un même parapluie… On l’imagine en embuscade discrète, un Cartier-Bresson se promenant dans les rues de Paris pour saisir l’instant.
De la sensibilité aussi pour voir cette statue équestre d’Henri IV se promenant sur fond de dôme du Panthéon, une vue prise depuis le trottoir de la Samaritaine en face… Voir toujours, lever la tête, percevoir l’imperceptible, et surtout sentir le terrain. Avant de peindre Paris et ses rues, Mario a été photographe de presse, je l’ai connu correspondant de guerre, photographe des armées à l’ECPA, la grande école du photo reportage, puis au SIRPA avant d’être agencier, AFP puis Gamma, le top de la photo de presse. De là sa maîtrise de l’instantané, ce moment fugitif qui ne revient pas.
Photographe d'actualité et de reportage, économie, politique, société, Mario présente une sélection de ses photos les plus récentes sur un joli book qui porte son nom, tout simplement: https://www.mario-fourmy.com/. Du photographe de presse et de l’agencier il a éprouvé toutes les joies mais aussi toutes les frustrations, à une époque où le copyright est de moins en moins respecté et l’image copiée et volée sur les médias sociaux sans aucun recours ou presque. D’où sa participation à des campagnes pour défendre le photojournalisme, un métier gravement menacé, avec l’association PAJ (Photographes Auteurs Journalistes).
Sa fidélité aux armées qui ont été sa première famille de reporters, il la manifeste à travers la première photo de son exposition: le monument aux morts en opérations extérieures, récemment inauguré au parc André Citroën, six militaires des trois armées portant symboliquement –car non représenté- le cercueil d’un de leurs camarades, une belle photo prise en plongée (ci-dessus à gauche).
Et comme il me fait l’amitié de nous immortaliser ensemble dans cette galerie Bièvre de la Mairie du 13e, je ne résiste pas au plaisir de la partager. Merci Mario !
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