C’est un petit journal de marche, écrit en accompagnant les Spahis dans la guerre du Golfe en 1991 et illustré par mes photos d’amateur, que je voulais auto-éditer à l’occasion du 30e anniversaire de cet engagement de la France dans la guerre de libération du Koweït.
Faisant partie du groupe des envoyés spéciaux, journalistes et photographes, de l’Agence France Presse, j’ai passé deux mois, de janvier à début mars 1991, à couvrir le déploiement du dispositif en Arabie saoudite, à assister à l’offensive aérienne à partir des bases aériennes de la coalition, puis à être inséré (on disait “embedded”) au sein du 1er Spahis pour l’offensive terrestre, en territoire irakien dans notre secteur de déploiement.
Ayant reçu l’agrément du service d’information et de communication des armées (SIRPA), comme une dizaine de mes confrères, j’ai été pleinement accepté par les unités françaises, en particulier par le 1er Spahis, régiment où j’avais été chef de peloton blindé pendant mon service militaire.
Partager le quotidien de ces hommes qui avaient passé six mois à bivouaquer dans le désert, puis vivre la fin de cette longue attente, les ordres de départ puis les contre-ordres avec les reports d’ultimatum de la coalition aux irakiens, puis finalement partir avec eux en territoire irakien était une expérience humaine unique.
J’ai vu ces militaires français sans états d’âme face à l’incertitude croissante, on était alors en pleine psychose de guerre chimique avec les menaces de celle qui se prétendait la 3e armée du monde. Je les ai vus emballer une dernière fois leur paquetage, enterrer ce qu’ils devaient jeter, charger leurs blindés et même préparer les “sacs à viande” pour emporter les cadavres des éventuels tués.
J’ai accompagné leurs doutes en entrant en territoire inconnu, puis la découverte d’un secteur plus tranquille à l’extrémité ouest du dispositif de la coalition, secteur qui avait été massivement bombardé par les appareils de la coalition et les tirs d’artillerie, et où on allait découvrir que les troupes irakiennes avaient été abandonnées par leurs cadres et n’avaient qu’une envie, se rendre.
J’ai vu enfin l’humanité avec laquelle les soldats français traitaient ceux qui se rendaient, les soins donnés aux prisonniers, les soldats qui allaient chercher leurs chaussettes de rechange et leurs provisions pour partager avec eux. Tout cela, je voulais en témoigner pour eux, tous ces militaires ont fait honneur à la France.
A l’époque, le témoignage des “embedded” français est passé relativement inaperçu et c’est bien normal : d’abord le mécanisme de transmission par les relais de relecture et vérification militaire a retardé nos papier qui sont arrivés trop tard, d’autant que l’actualité était sur les secteurs du front où les combats étaient plus violents. D’autre part, à la minute exacte où le territoire du Koweït a été libéré, les combats ont cessé sur ordre de la coalition et l’intérêt s’est entièrement reporté le secteur oriental avec l’entrée des troupes de la coalition et des envoyés spéciaux dans Koweït City libérée mais dévastée.
Pour les militaires français, le cessez-le-feu n’a pas été l’arrêt de leur déploiement : il fallait accompagner les innombrables prisonniers dans les camps de regroupement en territoire saoudien, neutraliser les armes abandonnées, détruire les munitions inutilisées, reconditionner le matériel, les engins et les véhicules, et préparer un départ qui n’est intervenu que plusieurs semaines après. Mais le retour en France a été un épisode extraordinaire, avec un accueil de la population française correspondant à la légitimité de cet engagement, fait dans le cadre strict du mandat des Nations Unies et qui ne visait que la libération de l’émirat du Koweït, pas la destruction du régime irakien.
A l’occasion du 20e anniversaire en 2011, les anciens de Daguet ont organisé une commémoration et créé un site Internet du souvenir, que nous avons alimenté avec Stéphane Gaudin (Theatrum Belli) et qui est en cours de refonte pour le 30e. J’y avais contribué avec ce petit journal ainsi qu’une série d’interviews des acteurs, du général Roquejeoffre aux chefs de corps, à l’aumônier Richard Kalka et à quelques confrères avec qui j’avais partagé ces moments. Et j’ai une pensée pour Yves Debay, grand reporter toujours indépendant croisé en avant des lignes pendant l’offensive terrestre, alors qu’il circulait en “franc-tireur” dans son véhicule de location, avant de se faire intercepter par les militaires irakiens.
Voilà l’histoire de ce témoignage, que je publie en auto-édition, ce qui veut dire qu’il risque d’être cher pour l’édition papier. Mais je veux qu’il soit accessible grâce à une version e-book, chez Blurb pour l'instant et très vite sur Amazon. Je veux pouvoir le rendre accessible à prix coûtant, pour rendre hommage à ceux de Daguet.
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