Au risque de choquer ou décevoir certains de mes amis, mais l’amitié c’est d’abord comprendre les autres, j’ai finalement décidé de soutenir Renaissance, car l’urgence est à resserrer les rangs autour d’une majorité présidentielle qui doit rester majoritaire face à la crise et pour le maintien de la cohésion républicaine.
Vieux militant, j’ai adhéré au nouveau Parti socialiste en 1972, ma première carte étant signée du premier secrétaire François Mitterrand. Un collector… C’était l’espoir de relancer une gauche de gouvernement, de fédérer les efforts, de rajeunir les cadres et la façon de faire de la politique. Etant jeune et avec l’envie de changer les choses, j’ai rejoint le CERES de Didier Motchane et Jean-Pierre Chevènement et j’ai passé quelques années à conjuguer le militantisme concret (collages d’affiches, tractages, visite aux entreprises) et la formation idéologique, d’autant que c’était l’époque du programme commun qui nous a donné l’occasion de nombreuses discussions très animées avec nos camarades communistes, eux-mêmes en pleine évolution.
Je ne vais pas raconter mes guerres, qui n’ont que peu d’intérêt. Mais j’ai vu l’évolution de ce mouvement politique à l’épreuve du pouvoir, un CERES qui se notabilisait, un PS qui s’ankylosait sous le poids des permanents, un présidentialisme qui laissait se dessécher le parti, une démobilisation des sections avec un vieillissement croissant des militants… Bref j’ai vu l’essoufflement de ce parti, et j’aurai la charité de ne pas désigner les responsables, connus de tous.
Et lorsque François Hollande a attendu décembre 2016 pour annoncer qu’il ne se représentait pas, trop tard pour permettre au PS de mener une vraie campagne, j’ai constaté comme tout le monde son effondrement pur et simple. Comme beaucoup de socialistes ou sympathisants, j’ai soutenu la candidature d’Emmanuel Macron, issu de la majorité présidentielle mais n’ayant pas reçu l’onction du PS, lequel a précipité sa chute en désignant Benoît Hamon.
Au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron, je me suis juré de ne plus soutenir aucun parti d’autant que « En Marche » me paraissait terne avec un leadership peu convainquant et un appel aux idées qui masquait mal un manque d’imagination. Pareil pour ce second mandat, l’acronyme E.M. étant trop lié aux initiales du président, ce qui condamnait ce parti à décliner après la fin du second mandat. J’ai suivi avec intérêt l’émergence de « Terres de progrès » et de « Horizon », mais sans vouloir choisir entre Bretons et Normands : ces deux mouvements ne sont que l’aile gauche et l’aile droite de l’actuelle majorité présidentielle et devront se positionner ensemble aux prochaines présidentielles, au risque sinon de participer au morcellement général qui profitera aux extrêmes. Je n’ai pas le temps d’attendre que se reforment la droite et la gauche, même si j’ai des doutes sur les chances durables d’un centrisme en France. La gauche, qui est ma famille, mettra une génération à se refonder, le PS n’étant plus ni parti ni socialiste. Quelle que soit la bonne volonté de certains dont Bernard Cazeneuve et Stéphane Le Foll, ils sont partis trop tard pour recoller les morceaux, en laissant le terrain à Olivier Faure et Anne Hidalgo qui ont fini de saborder l’héritage de Mitterrand.
Alors pourquoi soutenir Renaissance, et maintenant ?
D’abord parce que si avec l’âge on gagne en retenue et en raison, on n’est jamais trop vieux pour prendre le risque de se tromper, ce qui de toute façon est préférable à rester dans son fauteuil à distribuer bons et mauvais points à travers les médias sociaux. Il n’y a pas d’âge de la retraite pour exprimer une opinion.
Ensuite parce que le vrai problème face à cette radicalisation de la vie politique, c’est que la majorité dite silencieuse n’a plus le droit de se taire : il en va de la défense des valeurs qui fondent notre consensus et font de la France une démocratie de référence, la patrie de « Liberté, Egalité, Fraternité ». Contre le racisme, l’extrémisme, le sectarisme ou les excès du « wokisme », il faut affirmer et défendre ensemble ces valeurs républicaines.
Enfin et surtout, parce que s’il est facile de dénoncer la médiocrité d’un certain nombre d’élus – on n’ose plus parler pour certains de « responsables » politiques – c’est aussi parce que trop de jeunes de talent désertent la politique pour faire des affaires ou s’occuper d’eux-mêmes. Le sens du bien commun a dangereusement décliné. Et cela vaut encore plus pour la masse de ceux qui, sans même parler de prendre des responsabilités politiques, boudent les élections en prétendant qu’ils ne sont pas concernés. C’est le fond du problème : il n’y aura plus de montée des extrêmes lorsque les Français, toutes catégories et toutes générations confondues, feront l’effort de se déplacer aux élections et d’user d’un droit chèrement acquis par leurs aînés et qui est nié dans beaucoup de pays du monde. L’ennemi ce ne sont pas les porte-parole d’idées violentes ou sectaires, ce sont les abstentionnistes qui leur laissent le champ libre.
Voilà. C’est d’autant plus simple et facile que soutenir ne veut pas dire adhérer, car adhérer suppose un parrainage, approbation par un comité Théodule et cotisation par prélèvement automatique, pour tout ça j’ai clairement passé l’âge. Alors que soutenir, c’est faire des dons ponctuels et libres, c’est garder sa liberté d’expression, c’est expliquer pourquoi la France est un pays privilégié que beaucoup de pays regardent avec envie, c’est contredire toutes les inepties qu’on entend en permanence sur « c’est la faute à Macron ». Ce président a été une chance en 2017, sa réélection en 2022 en a été une nouvelle, la France a surmonté des crises graves et aidé l’Union européenne à conserver sa cohésion, et plus que jamais aujourd’hui la voix de la France est écoutée et respectée. C’est, comment dire, comme une Renaissance ?
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