Le très bref (9-12 novembre) salon Paris Photo, présenté au Grand Palais éphémère devant l’Ecole militaire, est toujours une occasion de voyager loin dans le temps et dans l’espace, des premières photos et chromophotographies aux artistes les plus jeunes, du monde occidental à l’Asie, de la jungle urbaine à la jungle amazonienne, et par un pur hasard quelques belles photos d’Antonio Ottomanelli prises en 2012 illustrent Gaza et ses terrains vagues pleins de gravats avant même les derniers bombardements.
L’accent est mis cette année sur l’environnement, les paysages, les matières utilisées. Très beau diorama sur le site afghan de Bamyan après la destruction des Bouddhas géants dont il ne reste que les grottes, un travail de Pascal Convert qui a demandé plusieurs milliers de photos pour reconstituer toutes ces falaises après numérisation des clichés. Montages de paysages de montagnes, surimpressions d’Eric Bourret pour évoquer la marche en altitude, “Première neige” sur la cordillère de Colombie britannique d’Edward Burtynsky, et bien sûr quelques photos classiques de Sebastiao Salgado sur les tribus amazoniennes et sur les mines à ciel ouvert.
Quelques surprises, les photos prises en 1983 par Wim Wenders qui est aussi photographe, des paysages de Joel Meyerowitz inspirés comme d’autres photographes américains par le peintre Edward Hopper, des photos de William Klein avec utilisation de peinture rouge sur les tirages...
La couleur est très présente, ainsi ce groupe de jeunes filles roses “Pink”, de Simon “Raion” Lavi, ou ou Red Boy de Steve McCurry (1996). Très originale aussi, la collection de Polaroids “My TV Girls” de Tom Wilkins, découverte dans des caisses après son décès, avec des poupées Barbie et des trains électriques.
Mon œil a été attiré, parmi des centaines d’autres photos méritant qu’on s’y attarde, par cette Vénus “Baby Back” de Renée Cox (2021) et cette locomotive de”Taj and train” de Steve McCurry, prise en 1983 dans l’Uttar Pradesh.
Les femmes occupent désormais une place importante dans cette exposition, un parcours “Elles x Paris Photo” permet de mieux les identifier, mention spéciale à la série de l’Iranienne Hoda Afshar en hommage au mouvement “Femme, Vie, Liberté”, avec des femmes en noir portant leurs cheveux défaits sur les épaules ou en nattes en signe de liberté. Et un coup de cœur pour la jeune photographe italienne Federica Belli, qui trouve que Paris est la ville où on est le plus libre de créer, et le prouve.
Une mention spéciale enfin pour le prix “Pink Ribbon” d’Estée Lauder, organisé à nouveau par la photographe Sandra Bauchard dans le cadre de l’opération annuelle Pink Ribbon pour sensibiliser sur le cancer du sein, avec de très émouvantes photos de femmes acceptant de montrer leurs cicatrices pour participer à cette campagne de sensibilisation. Des photos fortes, où l’attention est moins attirée par les poitrines mutilées par la chirurgie que par l’intensité du regard des femmes qui se battent contre le cancer. le groupe de cosmétiques Estée Lauder est investi depuis 30 ans dans ces campagnes de sensibilisation.