Ce blog a presque vingt ans, et a survécu aux temps morts, à la paresse et à la dispersion dans d'autres médias sociaux plus attrayants mais qui ont pour la plupart un gros défaut : ce qu'on y met disparait aussitôt.
De temps en temps j'y reviens, pour poser quelque chose de plus intemporel que mes couchers de soleils méditerranéens sur Facebook ou mes indignations du jour sur Twitter-X. Avec la satisfaction de savoir que je peux retrouver mes pensées (sur la planète) en fouillant dans les archives tant que ce serveur Typepad sera en fonctions, et avec le secret espoir que tout soit mémorisé sur le grand disque dur de Salt Lake City, car on dit que les Mormons mémorisent tout pour tenir la grande archive de notre monde !
J'ai eu la curiosité de chercher mon premier billet, il date de juin 2005, presque vingt ans, et n'a pas perdu de son actualité, au contraire : je pense que la situation s'est aggravée d'une part avec l'allongement de la durée de vie qui entraine une multiplicatiion des cas de prostatite, d'autre part avec le déferlement croissant des touristes qui va culminer avec les Jeux Olympique : où peut-on encore pisser à Paris ?
Ce premier jet, si j'ose écrire, s'intitulait : "La liberté de pisser". Je persiste et signe, en reproduisant telle quelle la note de 2005 :
"Question : pourquoi les parkings des grandes gares sentent-ils la pisse ? Réponse : parce qu'ils sont dépourvus de toilettes gratuites (contrairement à d'autres grands parkings en ville, merci Vinci) et que les gens mal élevés se soulagent dans les escaliers, sans être tous des SDF.
Les Vespasiennes ont disparu, moralité oblige, remplacées par des sanisettes payantes. Impratiquables quand on n'a pas de monnaie, et réservées à ceux qui peuvent payer. De même que les toilettes des bars et restaurants sont désormais payantes ou "réservées à notre clientèle". Et on a encore la chance d'avoir des toilettes gratuites sur les autoroutes françaises, alors qu'elles sont payantes sur les autoroutes allemandes (contrepartie, il est vrai, du fait que les autoroutes sont gratuites en Allemagne, alors qu'elle sont très chères en France) !
C'est pourtant une liberté élémentaire de pouvoir satisfaire des besoins tout aussi élémentaires sans sortir son portefeuille - et on ne pas accuser les SDF d'être sales et en même temps leur interdire l'accès gratuit aux sanitaires.
Autrefois terre d'accueil et d'asile, la France comme beaucoup de pays européens devient sur ce plan une terre inamicale, même pour ses propres habitants. Et cela ne se limite pas aux sanitaires : l'accès aux points d'eau est devenu très difficile.
Et autrefois présentes partout, les fontaines sont de plus en plus inaccessibles, ou surmontées de panneaux "eau non potable" alors que l'eau du robinet d'à côté l'est parfaitement. Dans les petits villages, en principe moins touchés par la pollution, la corporation des bistrotiers a fait fermer les fontaines publiques au motif qu'elles attiraient campeurs et gens du voyage. Quelle horreur !
Par contraste, les pays arabes entretiennent une tradition immuable et riche : l'eau est accessible partout, soit à boire grâce à de petites fontaines souvent protégées par une grille et munies d'un gobelet attaché par une chaînette, soit pour se laver, avec des bassins à l'entrée de toutes les mosquées. Le droit aux ablutions est ici un devoir, et il n'est pas rare qu'on regrette que les ablutions ne soient pas obligatoires en France aussi, surtout quand on prend l'autobus.
Le droit à l'eau courante et à l'hygiène est un droit très basique. Il est une manifestation concrète de la solidarité sociale. Prenons garde de ne pas en faire une valeur exotique."
Post scriptum : presque vingt ans ont passé et les sanisettes sont toujours aussi rares dans le mobilier urbain et souvent en panne. Au-delà du fait que leur entretien est essentiel, ne pourrait-on pas localiser les sanisettes en ordre de marche sur les logiciels type Google Maps comme toutes les autres activités, alors qu'il n'y a que dix-huit points rouges ssignalés pour toute la capitale, et pas forcément en fonction ? Il est des cas d'urgence où un petit point bleu sur une carte serait bien utile...