Trouvé sous le sapin de Noël, le dernier ouvrage du Père Richard Kalka est arrivé sans bruit, et ne se trouvera jamais en tête de gondole à la FNAC ou chez Relay : édité à compte d’auteur et diffusé sous le manteau ou presque, il persiste dans sa réflexion spirituelle qui, si elle ne descend plus vers nous de 5.000 mètres en parachute, garde une élévation qui nous entraîne très haut et très loin.
Provocateur par tempérament, il intitule celui-ci : « Je ne crois pas en Dieu, je vis avec ».Le père Kalka se raconte tel qu’il est devenu et resté depuis son coup de foudre en Pologne à l’âge de seize ans, découvrant la figure de Jésus et se liant à lui pour toujours, enchaîné dans une foi lumineuse non dépourvue d’incertitudes et de doutes, une vraie foi.
Aumônier de la Légion étrangère et des troupes parachutistes pendant une quarantaine d’année, il a raconté ses guerres dans un premier ouvrage, « Dieu désarmé – journal d’un curé de campagnes » (Little Big Man éditeur, 2012), égrenant toutes ses campagnes, de l’Afrique au Golfe, puis du Cambodge au Rwanda, de Sarajevo au Kosovo, de la RCA au Burundi et au Gabon, et jusqu’à l’Afghanistan. Je l’y avais encouragé lorsqu’il m’avait confié son premier témoignage sur la guerre du Golfe où nous étions rencontrés sur le terrain, lui qui ne prenait jamais le temps d’écrire .
Ce combattant de tous les engagements français depuis les années 1980, parcourant les champs de bataille sans grade et sans arme mais armé de sa seule foi, n’a jamais pris le temps de poser son sac, enchaînant les OPEX avec enthousiasme et générosité. Cette première expérience l’amènera à publier en 2021 un roman, « Je confesse à Dieu tout puissant », d’autant plus réaliste qu’il mêle une trame inventée, celle d’un prêtre polonais victime d’un grave accident de parachutisme et qui se bat ensuite en France contre les hiérarchies, les inerties, ses propres doutes, et retrouve la foi en l’homme à travers l’Afrique – avec son propre vécu.
Cette fois le « curé de campagnes » est redescendu sur terre, il est un vrai curé de campagne dans un petit village de l’Aude, à cheval sur plusieurs paroisses, et le plus dur a certainement été de ne plus pouvoir sauter en parachute. « Je ne crois pas en Dieu, je vis avec » est une belle introspection, l’exploration de son champ de bataille intérieur, avec comme sous-titre « Croire – Pécher – Mourir ».
Et le parachutiste reçoit ici le renfort d’un grand alpin, le général d’armée (2S) Jean-René Bachelet, le penseur de l’armée de Terre pour l’éthique du métier des armes, qui explique dans sa préface pourquoi le livre est indispensable à ceux, croyants ou non croyants, qui ont de l’avenir du monde un vision catastrophiste : « et voilà que la raison triomphante aura accouché d’horizons apocalyptiques ; on ne lira rien de tout cela dans la méditation incantatoire du Père Kalka (…) On y lira l’amour. On y lira l’espérance. Ce livre est lumière pour des temps crépusculaires ».
Certes, la lecture sera un peu ardue pour les non croyants dans la partie « Croire », qui décortique cependant le Credo avec une belle érudition historique. La partie « Pécher » est déjà plus accessible car elle rappelle ceux des péchés capitaux un peu ignorés aujourd’hui, la colère, l’acédie ou paresse qui amène à l’indifférence égoïste, et le péché de la langue : « la langue aussi est un feu, c’est tout un monde de mal ». Mais la plus belle partie est la dernière, « Mourir » : penser à la mort ; peur de la mort ; vouloir mourir ; accepter la mort ; fuir la mort ; se préparer à la mort ; amour et la mort ; penser la mort de l’autre ; la mort d’un être cher, etc. ». Des pistes de réflexion, axées sur la certitude qu’il a de la résurrection non seulement de l’âme mais du corps et de la personne entière, dans la vie éternelle. Qu’on croie ou non à la résurrection après la mort, cette réflexion sur la mort comme phénomène humain et moral est salutaire dans un monde où on a tendance à « marginaliser » la mort.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, dialoguer avec le Père Kalka ou commander son petit ouvrage, il est très accessible : [email protected]