L’enfer des tranchées de 1914 et du terrain fortifié, haché de coupures et balayé par le tir des armes automatiques a fait germer l’idée d’un bateau qui naviguerait au-dessus des obstacles en préservant son équipage de la mitraille : c’est le concept des premiers chars, bateaux blindés roulant sur des chenilles et armés de canons latéraux comme les navires.
En Grande-Bretagne, une maquette en bois est développée en 19154, et un premier prototype testé en février 1916. Le char est commandé à 100 exemplaires sous la dénomination "Mark I". Pour conserver le secret de cette armée nouvelle et le faire passer discrètement, on le baptise “réservoir”, d'abord Water Carrier puis Tank. Le nom restera.
Les premiers seront équipés d’un canon de marine à tir rapide (tank “male”), les suivants simplement de mitrailleuses (tank “female”) pour accompagner les premiers et les défendre contre les fantassins. Le petit chariot placé à l'arrière est un amortisseur permettant à l'engin de traverser les tranchées les plus larges.
Le baptême de cette arme secrète sera la bataille de la Somme en septembre 1916. Le 15 septembre, alors que les combats sont extrêmement meurtriers pour les fantassins, le commandement britannique engage les premiers Mark I. Un seul arrive jusqu’aux lignes allemandes, où il sème la panique avant d’être détruit à coups de canon.
Ce n’est qu’un demi-succès, le “tank” a été utilisé sans doctrine d’emploi, il est encore aveugle et lourd, vulnérable aux feux ennemis par manque de mobilité, et n’a pas été engagé en nombre suffisant pour créer la percée dans les lignes adverses. Mais la leçon est retenue par les deux camps, d’autres chars vont arriver, c’est le début de la guerre mécanisée.